
Un jour, alors que j’attendais mon vol et que je cherchais un livre à lire, je suis tombé sur un ouvrage consacré à un certain Baruch Spinoza. Je n’avais jamais entendu parler de lui auparavant, mais quelque chose m’a intrigué. Ce fut le début d’une aventure intellectuelle et personnelle qui dure depuis plus de dix ans.
En rentrant chez moi, j’ai voulu en savoir plus. Ce philosophe du XVIIe siècle m’a captivé dès les premières recherches. J’ai découvert un homme qui refusait les dogmes, qui pensait la liberté autrement, et dont la vision du monde me semblait à la fois radicale et profondément humaine.

J’ai commencé par lire L’Éthique. Mais très vite, j’ai été perdu. Le langage était difficile, presque mathématique, et je ne comprenais pas grand-chose. J’ai lâché prise. Pourtant, chaque fois que je passais devant un rayon de livres, Spinoza semblait me faire signe. Il revenait sans cesse, comme un appel silencieux.
Alors, j’ai fini par m’y replonger. Lentement. Un chapitre, puis un autre. Et, au fil du temps, ce qui me semblait obscur s’est éclairé. Aujourd’hui, je lis Spinoza avec une sorte de sérénité, comme si ses mots m’avaient apprivoisé.
Ce qui me fascine chez lui, c’est sa manière de nous dire que tout est lié. Pour lui, Dieu n’est pas un être extérieur, mais l’ensemble de la nature elle-même. Il n’y a pas de séparation entre l’esprit et le monde, tout suit des lois nécessaires. Rien n’arrive par hasard.

Spinoza m’a appris quelque chose de fondamental : nous ne sommes pas libres tant que nous sommes dominés par nos passions. Nous croyons choisir librement, mais en réalité, nous sommes souvent guidés par des émotions que nous ne comprenons pas. Mais si l’on parvient à comprendre ce qui nous agit, alors quelque chose change : on devient plus libre, plus lucide.
Avec lui, j’ai appris que nos pensées, nos émotions, nos peurs, tout cela a des causes précises. Et qu’en comprenant ces causes, on se libère petit à petit. Ce n’est pas facile, mais c’est possible.
Ce qui me touche le plus, c’est cette idée simple et puissante : la vérité est une force d’action. Comprendre, ce n’est pas rester dans l’abstraction. Comprendre, c’est apprendre à mieux vivre, à mieux agir. Plus on saisit la réalité, plus on est capable de vivre avec calme et joie.

Cela fait plus de dix ans que je chemine avec Spinoza. Ce qui m’avait paru impossible au début est devenu une source de clarté. Et chaque fois que je le relis, je découvre quelque chose de nouveau. Peut-être qu’en ouvrant un livre de Spinoza, vous ressentirez aussi cette force tranquille, ce souffle de liberté qui traverse ses écrits.